Aux 4,5 milliards d’êtres humains confinés

Cher réseau, ce post pour partager quelques idées avec vous

Je ne suis pas un grand scientifique, ni un médecin, mais simplement consultant de l’Ouest, avec une forte activité en Responsabilité Sociétale des Entreprises.

Mon statut professionnel ne m’interdit pas de m’intéresser aux origines de cette épidémie… et de celles d’avant.

Comme l’ont indiqué Laurence TUBIANA, directrice de la chaire développement durable à Sciences Po Paris ou Jean JOUZEL, probablement le plus grand climatologue français, COVID 19 est une zoonose, c’est à dire une maladie contractée auprès du monde animal en nous frottant à lui, en le dérangeant.

Si l’on s’intéresse à plusieurs autres épidémies intervenues ces dernières années, on retrouve plusieurs fois cette caractéristique.

Il y a 10 ans en France, l’épidémie de SRAS était un cousin du COVID 19.

Il y a quelques années, le virus Mers, davantage présent au Moyen Orient, présentait lui aussi des similitudes avec un virus détecté chez la chauve-souris.

Le virus Ebola, apparu d’abord en Afrique, au Congo notamment, semble avoir été contracté à lors de la préparation de viande de grands singes, même si les chauve-souris semblaient l’hôte naturel du virus. Ebola sème la terreur sur son passage, puisque le taux de létalité lors d’une épidémie  varie de 30 à 90% (source  institut Pasteur). Une chance de survie donc très aléatoire face à cette fièvre hémorragique. Une maladie elle aussi qualifiée de zoonose.

Le COVID 19 est donc un virus contracté en fréquentant le monde animal et en le bousculant.

Quelques mots sur le confinement. Un ressenti personnel d’abord si vous le permettez. Un fort sentiment d’ambiguïté marque pour moi ce confinement.

Le confinement est d’abord une inquiétude. Pour mes parents, restés en Picardie. Pour mon frère et sa famille habitants le Grand Est. Pour ma belle-sœur, habitant seule au Pays Basque en Espagne.

Quand nous échangeons en famille, nous pouvons découvrir nous, résidant dans l’Ouest de la France, notre bonheur de ne pas apercevoir ces embouteillages de cercueils.

 Une forte inquiétude pour la famille donc. Et en même temps, avec le renfort d’internet, nous nous voyons presque plus qu’avant. Vision frustrante certes à travers  Skype, Zoom et autres outils.

Mais vision tout de même.

Deuxième sentiment, la privatisation des libertés. La liberté d’aller et venir, dans le pays des Lumières, de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, dans le pays des Droits de l’Homme. Je comprends tout l’intérêt sanitaire de cette mesure de confinement. Mais je n’aurai pas pensé vivre cela de mon vivant dans le pays des libertés.

Et puis une nouvelle ambiguïté. Mon confinement se passe bien. J’ai la chance d’avoir un jardin.

Je commence ma journée par quelques mouvements de yoga appris par mon épouse. Pour ma part, je préfère le rugby! Mais c’est une découverte intéressante !

Je prends toujours mes cafés au soleil, magie du climat de la Côte de Lumière.

Pour bénéficier de cette lumière justement et me remplir d’optimisme.

Le soir à 20 heures, applaudissements des soignants. Geste d’êtres humains non médecins, non infirmiers et au fond un peu désemparés et qui ne savent pas comment aider.

Mais le soir à 20 heures est devenu un rendez-vous chaleureux avec les voisins.

De plus en plus d’autres voisins ou d’automobilistes du quartier font du bruit à 20 heures avec nous !

Pour ceux qui ont la chance d’avoir un jardin, vous avez remarqué, les oiseaux se sont emparés de l’espace. Les papillons se sont multipliés. Les voitures sont beaucoup moins nombreuses dans la rue et franchement leur bruit ne  manque pas. Les avions ont disparu du ciel. Ils ne  manquent pas non plus.

La nature prend possession des lieux. Ce sentiment me rappelle de très belles images vues à la télé récemment. Ces orques qui sont revenus nager dans les calanques à Marseille, en l’absence des touristes et des bateaux. Ces chevreuils nageant sur une plage du Morbihan, image magnifique nous rappelant que notre espèce colonise pour elle seule des pans entiers de la nature.

Vous l’avez compris, je vis assez bien mon confinement.

Et pour autant,  nous plait-elle cette France de la pandémie?

Cette France qui compte  22 856 morts (source santé publique France). Où nous sommes inquiets pour nos proches. Où nous n’avons plus le droit d’aller et de venir.

Où les jeunes n’ont plus le droit de voir leurs amis.

Où les écoles sont fermées.

Où nous ne nous embrassons plus. Où nous ne nous serrons plus la main.

Alors qu’est-ce qu’on fait?

On continue ? La déforestation ? L’anéantissement des écosystèmes ? A déranger des espèces dont nous contractons les virus ?

Est-ce que nous pouvons nous interroger sur nous-mêmes (moi y compris)?

Sur la façon dont nous nous comportons ?

Pouvons-nous respecter notre écosystème ? Connaît-on une autre espèce que la nôtre qui met autant d’acharnement à mettre en difficulté son propre écosystème ?

Allons-nous faire du développement durable la priorité des États et des citoyens que nous sommes?

De la RSE, responsabilité sociétale des entreprises, une priorité pour nos entreprises?

De la RSO,  responsabilité sociétale des organisations, une priorité pour nos organismes publics, nos collectivités territoriales ?

En Vendée, plusieurs entreprises sont passées à l’action.

Sous l’égide du Club Face Vendée, dirigé par Audrey AMEIL, elles ont signé la charte RSE vendéenne.

Il s’agit des entreprises suivantes:

La Sas Gaudismonts, à Saint Jean de Monts, qui porte le Super U de la ville et qui a construit le premier magasin bioclimatique de France. L’entreprise est dirigée par Philippe GAUDIN.

Cette entreprise nous amène des biens alimentaires en cette période si difficile.

L’entreprise Cty, filiale de Ratp Dev,  assume les transports urbains de l’agglomération de La Roche sur Yon. Elle est dirigée par Alexandre GALVEZ. L’entreprise poursuit les transports urbains de l’agglomération de La Roche sur Yon pendant la pandémie.

Tout le monde n’a pas de véhicule. 86 % des Français possèdent un véhicule (source étude kantar 2019). Ce qui pose la question des 14 % restants  Il peut donc être important de maintenir les transports publics en période de pandémie.

Le réseau Funéplus est le premier réseau français des professionnels du funéraire. Son directeur général est Antony FALLOURD. Funéplus expérimente a responsabilité sociétale dans le domaine du funéraire, un métier si éprouvé en ces temps de covid 19.

Opteam Rh est un cabinet de conseil en ressources humaines. C’est le seul cabinet de conseil en ressources humaines rencontré par nous qui a eu le mérite de mettre en place une stratégie RSE. Opteam Rh est dirigée par Sandra BILLY.

Sovetours est une entreprise de transports interurbains. Elle est notamment en charge des transports scolaires en Vendée. Elle développe entre Challans et La Roche sur Yon un transport urbain de haute qualité, véritable substitut à la voiture.

Elle est dirigée par Freddy PASQUET.

Trait d’Union est une entreprise d’insertion. Elle travaille à la valorisation des déchets de papier notamment. Elle est dirigée par David MERCIER.

L’entreprise Sautreau est une Sarl du bâtiment basée à Saint Michel en l’Herm.

Cette entreprise est en train de réussir son passage à la mobilité électrique. Elle est dirigée par Eric SAUTREAU.

Et nous, que pouvons-nous faire nous ?

Quelques propositions :

1) Plantons des arbres !

Entreprises, particuliers,  mettons-nous à planter des arbres. Nous connaissons deux alliés pour un monde (un peu) décarboné : les océans et les arbres. Plantons donc ces derniers sans modération. Il est possible de commencer avec un premier arbre ! C’est une des clés. Nos plantations ne règleront pas la question de la déforestation en Asie et en Amérique du Nord, mais ce sera toujours ça de pris !

Selon l’étude de François BASTIN et Thomas CROWTHER de l’école Polytechnique de Zurich, sans l’intervention humaine, il y aurait 5 800 milliards d’arbres sur la planète. Il n’y  a que 3 000 milliards d’arbres aujourd’hui. Il en manque donc 2 800 milliards d’arbres. Plantons en déjà quelques-uns pour aller dans le sens de la préconisation du GIEC de planter 1 milliard d’hectares de forêt.

2) passons au papier PEFC

Ce ne sera pas encore parfait. Nous pouvons aussi essayer de consommer moins de papier. Mais quand nous avons besoin de ce papier autant qu’il soit PEFC.  PEFC est une indication qui certifie la gestion durable de la forêt dont vient notre papier. Il ne vous coûtera guère plus cher que le papier normal. Vous trouverez ce papier PEFC chez votre fournisseur d’articles de bureau habituel.

3) nettoyons nos boites mails !

Nous sommes trop nombreux, moi le premier, à conserver trop de mails inutiles dans notre boite mail. Nous créons ainsi de la chaleur et du carbone autour d’immenses serveurs qui conservent nos mails inutiles. Supprimons ces mails !

Un mail oublié un an dans une messagerie génère 10 grammes de CO 2 ! (source Consoglobe)

4) essayons les produits d’occasion

Pour les particuliers comme pour les entreprises, c’est possible. J’ai commencé avec un ordinateur qui marche aussi bien qu’un neuf. Mais sa production n’a pas consommé une nouvelle fois les ressources de la planète. En plus, c’était moins cher. Pouvons- nous convenir d’essayer au moins une fois d’acheter de l’occasion cette année dans nos entreprises ?

5) continuons le télé-travail

Cette crise sanitaire nous permet au moins d’essayer le télétravail à grande échelle. Certes, c’est en nous voyant que nous êtres humains nous comprenons le mieux. Mais cette crise sanitaire nous a bien souvent contraints à télé-travailler. Skype, Zoom, les outils ne manquent pas. Autant pour rester en contact avec nos proches que pour travailler. Ecrire des rapports en retard, passer des coups de fils, échanger avec nos collaborateurs, nous réussissons quand même des choses en télé travail. J’ai bien conscience que cette idée n’est pas une réponse pour le monde du bâtiment ou celui de la grande distribution ni de la restauration. Mais dans le secteur tertiaire, il doit y avoir des endroits où nous pouvons essayer ! Cela conduira à éviter certains déplacements, donc des émissions de gaz à effet de serre, des Nox,  des microparticules… et parfois de la fatigue quand on n’habite pas à côté de son lieu de travail !

6) éviter les déplacements non indispensables

Dans le métier du conseil, nous travaillons bien souvent chez nos clients. Nous nous déplaçons chez eux. C’est souvent convivial,  intéressant. Certains déplacements pourraient toutefois être évités ; d’autre rationalisés. Je me souviens d’une intervention il y a presque un an dans les Ardennes. Des gens sympas, une famille que j’avais appréciée. Le dernier jour de mon intervention, je pars le matin de Reims -chez mon frère- où j’avais passé la nuit. Puis viennent 2 ou 3 rendez-vous dans les Ardennes. En milieu d’après-midi, l’intervention  est terminée : du coup je rentre la même journée à Château d’Olonne en Vendée de l’autre côté de la France. Je rejoins ainsi mon bureau et aussi mon domicile. Bilan, outre les 2 ou 3 rendez-vous, 1000 kilomètres au compteur, dans la journée. Des rendez-vous utiles en l’occurrence. Mais une organisation folle quand même, permise par le fait que j’avais 47 ans (48 maintenant) Une organisation à rationaliser. Ce déplacement-là était utile, mais à mieux organiser.  D’autres déplacements peuvent être évités ! Moins de fatigue, moins de kilomètres, moins de pollution !

7) essayons l’hybride et l’électrique

Nous pouvons améliorer les émissions réalisées à l’occasion de nos déplacements.

Là, sur certains points, j’ai un peu de mal à me regarder dans la glace : dans les voitures que j’utilise, il y a encore une 150 chevaux diesel. Belle voiture, mais qui produit trop de dioxyde d’azote (Nox), trop de particules fines…Pas de quoi se vanter…

Je crois que nous devons essayer l’hybride ou l’électrique pour nos déplacements. Pour les entreprises qui ont une flotte, peut-être est-il possible de faire un essai ? Là, chez Potentis, dans notre modeste TPE du conseil, nous lançons un essai électrique. J’aurai l’occasion d’y revenir. Nous avons des débats avec mon associé et grand ami Gregory JOLLIVET. Il essaie la micro hybridation. Je crois plus à l’électrique.

Tiens c’est curieux, j’entends d’ici des objections : oui, mais avec un pétrole qui ne vaut plus rien… A quoi bon passer à l’électrique ?  J’ai vu le prix du pétrole devenu négatif ( !) à la bourse de New York le 20 avril. Oui, mais parce que nous sommes au cœur de la pandémie. Je note qu’EDF aussi semble-t-il commence à subventionner ses clients pour qu’ils achètent du courant ! Situation exceptionnelle. Et puis, quand nous nous présentons à la pompe, le prix du carburant n’est pas devenu négatif, si je ne m’abuse !

J’entends aussi : oui, mais les voitures électriques et hybrides sont polluantes, leurs batteries sont polluantes ! Alors soyons logiques avec nous-mêmes n’utilisons plus de téléphone portable ou de tablette !

Un dernier mot sur l’autonomie. La peur de ne plus avoir assez de batterie. De ce côté-là aussi, les essais que j’ai pu réaliser à titre personnel sont assez rassurants. Electrique, hybride : essayons !

8) un cendrier portable pour nos salariés !

2 ans. 2 ans c’est le temps qu’un mégot pourra mettre à disparaitre. Entre temps, il aura pollué la nature, ce sera déversé dans la mer…

Oui je sais, les fumeurs n’ont plus le droit de fumer sur leur lieu de travail depuis la loi Bertrand. Ce n’est pas drôle. Je suis un ancien fumeur. Je compatis. Mais j’habite dans un petit centre-ville sympa. J’en ai assez de ramasser des dizaines de mégots bien polluants dans mon jardin. Un petit cendrier portable pour chacun de nos salariés fumeurs. Le coût sera modeste, mais la pollution évitée importante !

Ce n’est pas du tout anecdotique !

2 milliards de mégots sont ramassés chaque année à Paris. 60 millions de mégots à Nantes.

20 000 à 25 000 tonnes de mégots sont jetées chaque année en France (source Ministère de la transition écologique et solidaire)

Un filtre de cigarette contient de l’acide cyanidrique , du naphtalène, de la nicotine, de l’ammoniac, du cadmium, de l’arsenic, du mercure et du plomb (source ministère de la transition écologique et solidaire). C’est ce qui rejoint notre écosystème quand un mégot est jeté par terre.

9) consommer les produits du territoire/ donner la priorité aux fournisseurs locaux

Et si on arrêtait d’aller chercher toujours plus loin ce que nous avons à côté de nous ?

Si nous sommes une entreprise, nous pouvons travailler avec des fournisseurs locaux. Citons de ce point de vue l’initiative exemplaire du Super U de Saint Jean de Monts où chaque année, pendant 2 jours, le magasin fait venir 28 entreprises locales. Elles présentent ainsi leurs produits aux clients du magasin. Cela va de la toute petite entreprise, le Saulnier de Noirmoutier par exemple, jusqu’à Fleury Michon. Une façon de mettre en valeur les entreprises du territoire. Bravo à Philippe GAUDIN, PDG du magasin et à Antoine ROBERT directeur pour cette initiative.

C’est aussi la possibilité pour des entreprises de choisir des fournisseurs du territoire. C’est en partie sur cette idée que la Vendée a construit son développement.

C’est aussi la même logique. Moins de transports, moins de gaz à effet de serre, moins de pollution, et du lien humain.

10) partir en vacances en France

D’abord pour soutenir, notre hôtellerie, qu’elle soit ou non de plein air, nos gites et nos parcs de loisirs. Mais aussi parce que la France est un magnifique pays à redécouvrir.

Aussi parce que là aussi, moins de déplacement, c’est moins de pollution, moins de gaz à effet de serre et moins de difficulté pour notre écosystème.

Je comprends que ce propos peut paraître provocant. Toutes les entreprises de France ont envie en ce moment d’être rassurées sur leur chiffre d’affaires. Il y a besoin d’argent pour payer les factures. Il y a besoin de trésorerie.

Et en même temps, nous consommons la planète. Le fameux jour du dépassement, jour de l’année où nous avons consommé toutes les ressources naturelles produites en un an par la planète, ce fameux jour du dépassement arrive de plus en plus tôt dans le calendrier de l’année.

J’ai 30 T-Shirt dans mon armoire. J’en utilise 10. A quoi bon en avoir acheté 30 ?

L’autre jour, je passe chercher avec mon fils aîné ses nouvelles lunettes chez l’opticien.

Aussitôt, l’opticien propose une deuxième paire pour 1€. Refus de mon fils. Je lui dis : tu as tort, cela te ferait une paire de rechange. Nouveau refus agacé de mon fils : « j’ai déjà du mal à chercher ma paire de lunettes, je ne vais pas me casser les pieds à en chercher 2 » Nous repartons sans la deuxième paire. En retournant à notre domicile, mon fils me dit : « une deuxième paire ? Une deuxième monture ? En métal, c’est du charbon en plus, en acétate, c’est du pétrole en plus ! Tu ne crois pas qu’on la consomme assez comme ça la planète, papa ? »

Ce jour-là, c’est mon fils, chez son opticien, qui m’a aidé à y voir clair.

Laissons la parole aux générations futures !

Marc LAMOUREUX, le 21 avril 2020